Histoire et géologie

La première de toutes les industries de l’homme dans le bassin creillois fut celle de la pierre. Semblable dans sa formation à celle des pyramides de Gizeh en Egypte, la pierre s’est formée au fond de la mer par le dépôt de crustacés, pendant l’ère tertiaire, il y a quelque 45 millions d’années.

GÉOLOGIE & GISEMENT

Les études géologiques ont permis d’identifier trois nappes au droit du site de Saint-Maximin, avec de haut en bas :

  • La nappe de calcaire Lutécien
  • La nappe des sables de Cuise
  • La nappe des sables de Bracheux (Thanétien)

Dans ce secteur du sud de l’Oise, le relief constituait une terre émergée pendant le dépôt des formations éocènes, isolant ainsi une vaste baie, le « Synclinal du Thérain », du reste de la mer éocène. Dans la cuvette de Saint Maximin, de nombreux dépôts calcaires se sont accumulés pour atteindre une puissance de gisement dépassant 20 mètres. Le gisement de Saint Maximin se situe dans l’éocène et plus particulièrement dans le lutécien supérieur qui constitue la partie exploitable du gisement. Il repose sur le lutécien inférieur sableux à la base et calcaire en son sommet (calcaire à nummulites ou «pierre à liards»)

LES BANCS

Le lutécien supérieur se décompose en deux termes : Une série de calcaires bio construits constitués d’une accumulation de fossiles de petite taille (milioles) et de grande taille (coquilles diverses) exploités sous le nom de « pierre de construction ». Une série de marnes-calcaires résultant du dépôt d’une boue fine, ne recélant que de rares fossiles. Elle est appelée formation des « Marnes et caillasses » et s’exploite pour obtenir des matériaux concassés.

Histoire avant la révolution

Les premières constructions en pierre « habillées » (taillées) apparaissent sur les hauteurs autour de cette partie sud de l’Oise, dès l’époque celte. Les fortifications gauloises, en pierre, seront conquises, puis réutilisées, par l’envahisseur romain.
L’occupation romaine (49 av. JC – 275 après JC) voit un premier essor important des constructions en pierres massives. La ville romaine de LITANOBRIGA, qui deviendra, plus tard, SAINT-MAXIMIN, a laissé de nombreux vestiges en pierre : le quai d’un port face à la commune de Saint-Leu, un chantier de taille de pierre, de nombreuses villas.
La pierre est extraite à SAINT-LEU (rive droite) et TROSSY (rive gauche). Elle se transporte jusqu’à PARIS, par voie d’eau (architraves du FORUM
ROMAIN de PARIS). Un hameau de tailleurs de pierre existe à Saint-Leu-D’esserent entre le 1er et le 4ème Siècle après JC. Les invasions barbares qui suivent la période gallo-romaine, dévastent la région du 4ème au 9ème Siècle.
L’arrivée des premiers rois mérovingiens instaure une période de stabilité.

De l'antiquité au 8e siècle

En l’an 828, apparaît, pour la première fois, le nom de la commune de SAINT-MAXIMIN. Elle regroupe les hameaux de TROSSY, LAVERSINE, CANNEVILLE, LES HAIES, LA GRANDE FOLIE et PORT SAINT-LEU.
Pendant tout le haut Moyen Age, jusqu’à la fin du 9ème Siècle, les rares édifices appareillés, utilisent des pierres de réemplois provenant des constructions gallo-romaines. Seule la fabrication de sarcophages en pierre tendre de Saint-Leu, témoigne d’une activité de carrières dans la région.
L’extraction de la pierre a commencé à ciel ouvert sur les coteaux qui bordent l’Oise, mais passe en galeries souterraines dès que les remblais provenant de la découverte, deviennent trop importants. Elle ne reprendra systématiquement à ciel ouvert qu’avec l’arrivée des pelles mécaniques au 19ème siècle.
Démarrage d’une nouvelle ère de construction au 12ème Siècle, qui voit l’édification de nombreux châteaux de pierre, en remplacement des fortins en bois. La ferveur religieuse encourage la construction de nombreuses églises et cathédrales (SENS – 1130, St. DENIS – 1135, SENLIS – 1153, NOTRE DAME de PARIS – 1163). Un nouveau style d’architecture naît en Ile-de-France : le style gothique.

Du 9e au 12e siècle

A partir du 13ème Siècle, les pierres des carrières de SAINT-MAXIMIN et de SAINT-LEU commencent à être employées plus loin, en Ile-de-France, là où les carrières locales s’épuisent progressivement.
En 1241, Saint-Louis fait construire l’abbaye de Royaumont et la Sainte
Chapelle, à Paris.
Les problèmes du transport, font leur apparition ; par voie d’eau et chemins communaux de la Renaissance jusqu’au milieu du 19ème, par chemin de fer dès 1846 (ouverture de la première ligne PARIS-CREILBRUXELLES), et par route au 20ème après apparition des camions et des routes goudronnées.
Les problèmes d’identification des origines des pierres, entre leur lieu de
départ et leur lieu d’arrivée, apparaissent, aussi !
La guerre de 100 ans dévaste la France de 1337 à 1453.
A sa fin, apparaît une nouvelle fièvre bâtisseuse, la troisième, de notre
histoire:
1490 – Château de Vincennes (encore un fort quadrangulaire).
1530 – François 1er transforme le château de Saint-Maximin.
1535 – Georges II, Cardinal d’Amboise fait construire son château de Gaillon.
1537 – l’architecte Pierre Chambiges travaille à Chantilly.

En 1607 s’ouvrent de nouvelles grandes carrières à SAINT MAXIMIN. Mais il faut attendre la fin de la guerre de 30 ans (1606 – 1636) et l’arrivée de LOUIS XIV et de l’époque « classique » (1650 – 1750), pour voir la quatrième vague d’utilisation de la pierre de Saint-Maximin et de Saint-Leu dans la construction des monuments de PARIS : le Louvre, les Invalides, le Palais Bourbon, l’hôtel de Lassais, l’hôtel d’Evreux, l’école militaire, la place de la Concorde, et autres…Versailles.
Les carrières parisiennes ne peuvent plus fournir une quantité suffisante de pierres pour alimenter ces grands chantiers, et les architectes ont une nette préférence pour le calcaire de la vallée de l’Oise, tendre, facile à travailler et donnant des hauteurs d’assises plus grandes.
En 1678, l’Inventaire-des-Carrières commandé par Colbert, constate que toutes les carrières de Trossy, Saint-Maximin et Saint-Leu sont souterraines.
En 1744 réapparaissent les premières extractions à ciel ouvert, sur les coteaux

Histoire après la révolution

Le Baron Haussmann, entre 1853 et 1870, urbanise PARIS (cinquième vague) et les carrières de Saint-Maximin décuplent leur production. Sur ordre de Napoléon III, le Baron perce de larges avenues rectilignes, bordées d’arbres, et édifie des immeubles luxueux en pierre de taille. Des équipements modernes sont construits en pierre de Saint-Maximin : les grandes gares de Paris, l’Opéra, les hôpitaux, le siège du Crédit Lyonnais, les grands magasins.

Aujourd’hui, la poutre métallique et le béton ont souvent remplacé la pierre de taille massive. La pierre de Saint-Maximin a trouvé sa place sur les marchés de la pierre dans la construction d’immeubles de luxe (26/32 avenue Victor Hugo, Paris 16ème ; 71bis avenue Marceau, Paris 8ème ; le Passy-Plazza, Paris 16ème ; ou le Tampa Tower, en Floride), de villas de prestige à travers le monde, d’habillages externes de structures en béton et de la décoration interne de magasins (Louis Vuitton, Armani à Paris, à Londres, et au Japon) et, surtout, la restauration d’immeubles et monuments historiques construits en pierre de Saint-Maximin.