Histoire et géologie

La Pierre calcaire de Saint Maximin s’est formée, il y a 45 millions d’années, dans une mer chaude et peu profonde.

Elle s’inscrit dans l’étage géologique du Lutétien, stratotype de la Pierre dite de Paris (dénommée Lutèce à l’époque romaine). Cette formation, de l’ère tertiaire, a une extension mondiale et, est également à l’origine des matériaux qui ont servi à édifier les pyramides et le Sphinx de Gizeh en Egypte ou les temples de Baalbek au Liban.

L’extraction de la pierre de taille fut, dès le 1er siècle, la première des industries humaine dans le bassin creillois.

Les appellations des pierres extraites correspondant à différents bancs au sein du gisement de Pierre de Saint Maximin du Lutétien moyen. Leurs facies résultent de conditions de dépôt et de la variation du niveau marin. Chaque banc représente ainsi quelques dizaines de millions d’années de sédimentation.

La nature pétrographique de la Pierre de Saint Maximin est celle d’un calcaire à millioles (très petits fossiles d’environ un mm de diamètre). Peuvent également être présents des fossiles un peu plus grands comme des bivalves de 2 à 5 cm voire très grands comme les cérithes géants, que les carriers appellent « verrins » ou « lambourdes ».

Les bancs supérieurs de la carrière font partie de la formation des « Marnes et Caillasses » du Lutétien supérieur et sont exploités en granulats.

source Pascal Barrier- Jean Pierre Gely

Histoire avant la révolution

Les premières constructions en pierre « habillées » (taillées) apparaissent sur les hauteurs autour de cette partie sud de l’Oise, dès l’époque celte. Les fortifications gauloises, en pierre, seront conquises, puis réutilisées, par l’envahisseur romain.
L’occupation romaine (49 av. JC – 275 après JC) voit un premier essor important des constructions en pierres massives. La ville romaine de LITANOBRIGA, qui deviendra, plus tard, SAINT-MAXIMIN, a laissé de nombreux vestiges en pierre : le quai d’un port face à la commune de Saint-Leu, un chantier de taille de pierre, de nombreuses villas.
La pierre est extraite à SAINT-LEU (rive droite) et TROSSY (rive gauche). Elle se transporte jusqu’à PARIS, par voie d’eau (architraves du FORUM
ROMAIN de PARIS). Un hameau de tailleurs de pierre existe à Saint-Leu-D’esserent entre le 1er et le 4ème Siècle après JC. Les invasions barbares qui suivent la période gallo-romaine, dévastent la région du 4ème au 9ème Siècle.
L’arrivée des premiers rois mérovingiens instaure une période de stabilité.

De l'antiquité au 8e siècle

En l’an 828, apparaît, pour la première fois, le nom de la commune de SAINT-MAXIMIN. Elle regroupe les hameaux de TROSSY, LAVERSINE, CANNEVILLE, LES HAIES, LA GRANDE FOLIE et PORT SAINT-LEU.
Pendant tout le haut Moyen Age, jusqu’à la fin du 9ème Siècle, les rares édifices appareillés, utilisent des pierres de réemplois provenant des constructions gallo-romaines. Seule la fabrication de sarcophages en pierre tendre de Saint-Leu, témoigne d’une activité de carrières dans la région.
L’extraction de la pierre a commencé à ciel ouvert sur les coteaux qui bordent l’Oise, mais passe en galeries souterraines dès que les remblais provenant de la découverte, deviennent trop importants. Elle ne reprendra systématiquement à ciel ouvert qu’avec l’arrivée des pelles mécaniques au 19ème siècle.
Démarrage d’une nouvelle ère de construction au 12ème Siècle, qui voit l’édification de nombreux châteaux de pierre, en remplacement des fortins en bois. La ferveur religieuse encourage la construction de nombreuses églises et cathédrales (SENS – 1130, St. DENIS – 1135, SENLIS – 1153, NOTRE DAME de PARIS – 1163). Un nouveau style d’architecture naît en Ile-de-France : le style gothique.

Du 9e au 12e siècle

A partir du 13ème Siècle, les pierres des carrières de SAINT-MAXIMIN et de SAINT-LEU commencent à être employées plus loin, en Ile-de-France, là où les carrières locales s’épuisent progressivement.
En 1241, Saint-Louis fait construire l’abbaye de Royaumont et la Sainte
Chapelle, à Paris.
Les problèmes du transport, font leur apparition ; par voie d’eau et chemins communaux de la Renaissance jusqu’au milieu du 19ème, par chemin de fer dès 1846 (ouverture de la première ligne PARIS-CREILBRUXELLES), et par route au 20ème après apparition des camions et des routes goudronnées.
Les problèmes d’identification des origines des pierres, entre leur lieu de
départ et leur lieu d’arrivée, apparaissent, aussi !
La guerre de 100 ans dévaste la France de 1337 à 1453.
A sa fin, apparaît une nouvelle fièvre bâtisseuse, la troisième, de notre
histoire:
1490 – Château de Vincennes (encore un fort quadrangulaire).
1530 – François 1er transforme le château de Saint-Maximin.
1535 – Georges II, Cardinal d’Amboise fait construire son château de Gaillon.
1537 – l’architecte Pierre Chambiges travaille à Chantilly.

En 1607 s’ouvrent de nouvelles grandes carrières à SAINT MAXIMIN. Mais il faut attendre la fin de la guerre de 30 ans (1606 – 1636) et l’arrivée de LOUIS XIV et de l’époque « classique » (1650 – 1750), pour voir la quatrième vague d’utilisation de la pierre de Saint-Maximin et de Saint-Leu dans la construction des monuments de PARIS : le Louvre, les Invalides, le Palais Bourbon, l’hôtel de Lassais, l’hôtel d’Evreux, l’école militaire, la place de la Concorde, et autres…Versailles.
Les carrières parisiennes ne peuvent plus fournir une quantité suffisante de pierres pour alimenter ces grands chantiers, et les architectes ont une nette préférence pour le calcaire de la vallée de l’Oise, tendre, facile à travailler et donnant des hauteurs d’assises plus grandes.
En 1678, l’Inventaire-des-Carrières commandé par Colbert, constate que toutes les carrières de Trossy, Saint-Maximin et Saint-Leu sont souterraines.
En 1744 réapparaissent les premières extractions à ciel ouvert, sur les coteaux

Histoire après la révolution

Le Baron Haussmann, entre 1853 et 1870, urbanise PARIS (cinquième vague) et les carrières de Saint-Maximin décuplent leur production. Sur ordre de Napoléon III, le Baron perce de larges avenues rectilignes, bordées d’arbres, et édifie des immeubles luxueux en pierre de taille. Des équipements modernes sont construits en pierre de Saint-Maximin : les grandes gares de Paris, l’Opéra, les hôpitaux, le siège du Crédit Lyonnais, les grands magasins.

Aujourd’hui, la poutre métallique et le béton ont souvent remplacé la pierre de taille massive. La pierre de Saint-Maximin a trouvé sa place sur les marchés de la pierre dans la construction d’immeubles de luxe (26/32 avenue Victor Hugo, Paris 16ème ; 71bis avenue Marceau, Paris 8ème ; le Passy-Plazza, Paris 16ème ; ou le Tampa Tower, en Floride), de villas de prestige à travers le monde, d’habillages externes de structures en béton et de la décoration interne de magasins (Louis Vuitton, Armani à Paris, à Londres, et au Japon) et, surtout, la restauration d’immeubles et monuments historiques construits en pierre de Saint-Maximin.